Les isolants biosourcés
Portés par des préoccupations environnementales croissantes et une réglementation favorable, les matériaux biosourcés ont pris de l’importance sur le marché de l’isolation. Ces isolants naturels, comme on les appelle également, sont désormais reconnus comme une solution efficace pour le confort thermique et acoustique d’un logement. On vous présente leurs caractéristiques et on vous explique comment les utiliser.
Qu'est-ce qu'un isolant biosourcé ?
On vous présente les isolants biosourcés et on vous explique pourquoi ils occupent une place croissante dans les projets d’isolation.
Les matériaux biosourcés
Les matériaux biosourcés, ou d’origine naturelle, sont issus de la biomasse végétale ou animale. Ces matières premières trouvent de nombreuses application dans le domaine du bâtiment et de la construction. En particulier dans les projets d’isolation. La fédération française du bâtiment (FFB) dénombre une vingtaine d’isolants biosourcés qui se présentent sous des formes diverses : en vrac, en panneaux, en rouleaux, en granulats…
En France, la définition d’un matériau biosourcé est introduite dans l’arrêté du 19 décembre 2012 concernant les conditions d’attribution du label Bâtiment biosourcé. Pour être qualifié de biosourcé, le matériau doit incorporer majoritairement de la matière biosourcée et présenter une fiche de déclaration environnementales et sanitaire (FDES) qui répertorie ses conséquences environnementales.
Des isolants en plein essor
L’utilisation des isolants naturels a longtemps été secondaire, freinée par un manque de données objectives sur leur performance et sur les règles de mises en œuvre. La filière a commencé à se développer au début des années 2010, portée par la publicité de deux mesures marquantes :
• La création en 2012 du label Bâtiment Biosourcé, qui permet de reconnaître la qualité environnementale d’un bâtiment intégrant un taux minimum de matériaux biosourcés.
• La mise en avant des produits biosourcés dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015. Celle-ci stipule dans son article 4 que « l’utilisation des matériaux biosourcés (…) est encouragée par les pouvoirs publics lors de la construction ou de la rénovation des bâtiments ».
La place centrale des préoccupations environnementale, comme en témoigne l’évolution de la réglementation environnementale (RE2020) que nous présenterons plus loin, et l’apparition de premières normes ont boosté le biosourcé depuis quelques années. Ainsi, la norme NF DTU 45-11 (Isolation thermique de combles par soufflage d'isolant en vrac) publiée en mars 2020 fait elle de la ouate de cellulose un produit d’usage courant dans l’isolation des combles par soufflage. Les isolants biosourcés sont devenus des isolants « comme les autres » aux yeux de la réglementation, et peuvent donc ouvrir droit à des aides fiscales dans un projet de rénovation.
Quel matériau choisir : les principaux isolants naturels et leurs performances
Il existe une multitude de matériaux biosourcés*, qu’ils soient d’origine végétale ou animale. Les plus courants dans le secteur du bâtiment sont :
• La fibre de bois, fabriqué à partir de chutes de bois et d’un produit liant,
• La laine de chanvre et la laine de lin, issues de fibres naturelles végétales,
• La laine de coton, constituée majoritairement de coton industriel recyclé,
• La ouate de cellulose, constituée d’environ 85% de journaux recyclés.
*Pour une vision détaillée tous les isolants naturels du marchés et de leur performance, consultez notre tableau comparatif en fin d'article.
Certains fabricants ont même développé des isolants mélangeant plusieurs de ces matériaux d’origine naturelle, comme le mix laine de chanvre, coton et lin réputé pour ses qualités thermo-acoustiques.
Côté performances, les isolants naturels tiennent la dragée haute aux isolants conventionnels que sont les laines minérales (laine de verre ou de roche) ou les matériaux d’origine pétrochimique comme les polystyrènes et le polyuréthane. Leur coefficient lambda de conductivité thermique est compris entre 0,035 et 0,04, un niveau très légèrement inférieur à celui des isolants conventionnels. Ils contribuent également à l’isolation phonique et acoustique du logement et sont de solides alliés pour vous aider à maintenir une température clémente en été. Ils sont enfin perspirants, c’est-à-dire perméables à la vapeur d’eau et assurent un vrai confort dans le logement.
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Pourquoi choisir un isolant naturel ?
Les isolants biosourcés sont non seulement pétris de qualités mais également de plus en plus encouragés par la réglementation.
Pour tous les avantages qu’offrent ces matériaux naturels
Choisir un isolant biosourcé, c’est faire le pari d’un matériau :
• Performant thermiquement et au niveau phonique et acoustique. On l’a vu, les isolants biosourcés ne souffrent pas de la comparaison face aux isolants conventionnels en ce qui concerne leur performance thermique et phonique.
• Au coefficient de déphasage élevé. Ils ont la capacité de ralentir les transferts de chaleur, un atout particulièrement intéressant en été. Cela tombe bien, cette notion de « confort d’été » est un des trois grands objectifs poursuivis par la RE2020.
• A l’empreinte écologique réduite. C’est bien sûr un argument essentiel pour qui souhaite investir dans un tel matériau. Les isolants naturels sont produits à partir d’une ressource renouvelable et se distinguent par leur faible bilan carbone. De plus, ils sont par nature des puits de carbone, c’est-à-dire qu’ils fixent le CO2 durant toute leur durée de vie.
• À fois durables et recyclables.
• Sans conséquences pour la santé. Ils émettent une très faible quantité de composés organiques volatiles (COV), et ne dégagent pas de poussière toxique lors de leur mise en œuvre. Autre atout de choix : la plupart des isolants biosourcés aident à la régulation hygrométrique et contribuent au bien-être du logement.
S’il fallait trouver un inconvénient aux isolants biosourcés, ce serait leur prix qui reste supérieur à celui des autres matériaux isolants, à l’exception de l'ouate de cellulose. Une donnée à relativiser étant donné que le recours croissant à ces produits pourrait entraîner une baisse de leur prix.
Parce que la réglementation devrait continuer de les favoriser
Les isolants biosourcés bénéficient déjà d’une réglementation incitatrice et cela ne devrait pas changer, bien au contraire. Une des principales nouveautés de la réglementation environnementale 2020 (RE2020) est l’introduction de la notion de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. Cet objectif témoigne de l’ambition d’une réglementation qui se veut une réponse aux préoccupations liées au réchauffement climatique.
Cette volonté de réduction de l’empreinte environnementale des bâtiments s’accompagne d’une promotion des matériaux biosourcés en général, et des isolants en particulier.
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Fibres ou laine de bois, ouate de cellulose, laine de chanvre…Quel matériau bio pour votre projet d’isolation ?
De nombreux matériaux biosourcés sont disponibles sur le marché de l’isolation et choisir le bon en fonction de ses besoins n’est pas évident. On vous livre quelques clefs.
Isoler ses combles en biosourcé
Si cela reste moins fréquent que la laine minérale, l’isolation des combles avec un isolant biosourcé se rencontre de plus en plus. On distingue :
• L’isolation des combles perdus avec un isolant naturel, qui est réalisée par soufflage d’ouate de cellulose, fibres de bois, de coton, ou encore de chènevotte (un matériau issu du chanvre). Ces matériaux performants thermiquement présentent un bon déphasage, ce qui en fait des solutions de choix pour lutter contre les transferts de chaleur l’été.
• L’isolation des combles aménagés. Conformément au DTU 45.10, seuls les isolants en panneaux rigides ou semi-rigides sont acceptés dans des combles aménageables. En biosourcé, on utilise le plus souvent des panneaux de fibres de bois, de lambda minimum 0,036. Les panneaux associant plusieurs matériaux isolants (chanvre, coton, lin) sont une alternative intéressante.
À noter que dans les deux cas, il est impératif de poser un pare-vapeur sous l’isolant pour assurer l’étanchéité de l’installation.
Un isolant naturel pour son projet d’isolation des murs par l’intérieur
Plusieurs types de panneaux peuvent être retenus en doublage de mur , parmi lesquels :
• Les laines de bois offrent de très solides performances thermiques. Elles sont flexibles et faciles à mettre en œuvre.
• Le mix de chanvre, coton et lin, qui allie performance thermique, acoustique et confort de pose.
Réaliser une isolation thermique par l’extérieur (ITE) avec du biosourcé
Encore marginaux sur les chantiers d’ITE, les isolants naturels commencent néanmoins à prendre des parts de marché. Avec un lambda compris entre 0,036 et 0,038, les panneaux de fibres de bois rigides ou semi rigides sont prisés, que ce soit pour une ITE sous bardage ventilé ou sous un enduit de façade.
Isoler sa toiture par l’extérieur en biosourcé
La toiture étant une des principales sources de déperdition de chaleur, on mesure l’intérêt d’une bonne isolation thermique et du confort d’été. La technique du sarking, qui permet de conserver le volume des combles, intègre désormais les panneaux de fibres de bois ; ceux-ci assurent parfois la fonction supplémentaire de pare pluie. Ils complètent l’offre des traditionnels polyuréthane et laines minérales. On rencontre également des solutions mixtes, associant des panneaux de fibres de bois et du polyuréthane.
Le tableau comparatif des isolants biosourcés
Performance Thermique | Lambda (λ) minimum | Déphasage* (en heures) | Facilité de mise en oeuvre | Confort acoustique | Prix | |
Fibre de bois | ▲◭△ | 0,036 | 5,97 | ▲△△ | ▲▲◭ | €€ |
Chanvre | ▲△△ | 0,039 | 4,33 | ▲▲△ | ▲▲△ | €€€ |
Coton | ▲△△ | 0,039 | 3,33 | ▲▲△ | ▲▲◭ | €€€ |
Paille de riz | ▲△△ | 0,039 | 5,05 | ▲▲△ | ▲▲△ | €€€ |
Liège | ▲△△ | 0,040 | 7,47 | ▲▲△ | ▲▲△ | €€€ |
Ouate de polyester | ▲◭△ | 0,035 | - | ▲▲▲ | ▲▲△ | €€€ |
Ouate de cellulose | ▲△△ | 0,039 | 4,89 | ▲△△ | ▲▲▲ | € |
Laine de verre | ▲▲◭ | 0,030 | 3,00 | ▲▲▲ | ▲▲△ | € |
Laine de roche | ▲▲△ | 0,032 | 4,66 | ▲▲▲ | ▲▲▲ | €€ |
Polyuréthane | ▲▲▲ | 0,022 | 2,47 | ▲◭△ | ▲△△ | €€€ |
Polystyrène expansé | ▲▲◭ | 0,032 | 2,46 | ▲◭△ | ▲◭△ | €€€ |
Polystyrène extrudé | ▲▲△ | 0,029 | 3,46 | ▲◭△ | ▲△△ | €€€ |
▲ Moyen / ▲▲ Bon / ▲▲▲ Excellent
*Pour une résistance de R = 4 m².K/W (épaisseur variable selon le produit). Le déphasage correspond à la durée de transfert de la chaleur.